LES SS FRAPPENT LA NUIT (16mm, N&B, VF)
« Les SS frappent la
nuit » est un film de Robert Siodmak réalisé en 1957 en Allemagne. Le
titre français[1], comme
souvent à l’époque, est destiné à accrocher le spectateur sans beaucoup tenir
compte de l’histoire. Il donnerait à penser qu’il s’agit d’un film de guerre.
Ce n’est pas le cas. Il s’agit plus d’un film policier bien que le contexte
soit très particulier : l’Allemagne en 1944. En effet, ce qui est
singulier dans ce film, c’est que l’action se déroule pendant la guerre et que
l’on voit, de façon assez réaliste, des gens vivrent normalement. D’autres
films montrent la vie, en temps de guerre, dans les pays occupés par les
Allemands, parfois de manière caricaturale (pour les films américains) mais mis
à part la saga « Heimat » (réalisée en 1984 par Edgar Reitz),
« Les SS frappent la nuit » est le seul film de ce genre que je
connaisse.
Robert Siodmak fait partie de ces
cinéastes européens (dont de nombreux Allemands et Autrichiens) qui se sont
exilés aux Etats-Unis soit pour échapper au régime nazi soit happés par le
cinéma américain dès la période du « Muet ». On peut citer Fritz
Lang, Detlef Sierck (Douglas Sirk), Max Ophüls… pour les premiers , Friedrich
Wilhelm Murnau, Ernst Lubitsch, Otto Preminger, Fred Zinnemann… pour les
seconds. Comme Lang, Siodmak retourna en Allemagne pour y signer la réalisation
de plusieurs film dans sa langue maternelle dont le très réussi « Les SS
frappent la nuit ».
De sa filmographie importante, on
retiendra « Les Hommes le dimanche » merveilleux film muet (1930)
quasi-documentaire sur les loisirs des travailleurs berlinois le dimanche
(réalisé avec la collaboration de Billy Wilder et Fred Zinnemann), « Les
Tueurs » en 1946 avec Ava Gardner et Burt Lancaster, Le « Corsaire
rouge » en 1952 avec Burt lancaster.
« Les SS frappent la
nuit » est un film policier sans suspens ni surprise car on connaît
l’assassin dès le début du film. Mais il nous présente un portrait saisissant
du psychopathe un peu à l’instar de « M, le maudit » de Fritz Lang,
sans sa portée philosophique. Cependant le film dépasse la simple histoire d’un
meurtrier pour aborder le thème de l’utilisation, de l’exploitation d’un fait
divers à des fins politiques. Celui-ci dépasse le cadre de l’Allemagne
nazie : on sait que la transformation de la réalité dans un but politique
est un procédé couramment utilisé.
Le film est également est
également un regard sur la vie de tous les jours en Allemagne en 1944 tout en
insistant sur les contradictions au sein de la population quant à la perception
du régime nazi.
Le film de Siodmak possède
d’indéniables qualités esthétiques avec des images sobres mais parfois
impressionnantes comme le premier plan où l’on voit Bruno se cacher dans l’eau
et la scène du meurtre tourné avec des cadrages et une lumière
expressionnistes. La mise en scène est également sobre mais efficace et
brillante parfois. La scène du meurtre manqué est extraordinaire de tension. Le
plan dans lequel Bruno se dirige vers la porte d’entrée de l’appartement pour
la fermer pendant que la victime supposée s’affaire à la cuisine est génial et
pourtant très sobre. On sent la pulsion meurtrière naître puis s’imposer
inéluctablement chez Bruno avec un calme effrayant.
Les acteurs, excellents, sont des
acteurs allemands ou suisses que nous ne connaissons pas en France à
l’exception de Mario Adorf qui interprète le rôle de Bruno. Sa filmographie est
impressionnante et internationale. On a pu le retrouver notamment dans
« Le Tambour » de Volker Schlöndorff en 1979. Mario Adorf a
aujourd’hui 87 ans.
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