a

a

La revue Cinéscopie, est une revue trimestrielle qui s’adresse aux amateurs de cinéma : cinéphiles et cinéphages, collectionneurs, cinéastes amateurs et autres curieux.

44 numéros ont été publiés de 2006 à 2016.

Ce blog vous propose de découvrir les anciens articles de la revue et quelques nouveaux textes publiés au gré de mes envies.


Les opinions exprimées dans les articles sont de la responsabilité de leurs auteurs. Elles ne représentent pas l’expression de la rédaction.

Translate

vendredi 26 décembre 2014

TECHNIQUE - Projecteur - Silma 240 S


LE PROJECTEUR SILMA 240 S
Par Michel Gallois 


Je tenais à vous présenter ce projecteur, comme simple utilisateur. Le Silma 240 S fut un excellent projecteur muet et sonore dont la conception et la qualité de fabrication vont retenir l’attention de la marque Bolex, pour son premier projecteur super 8 mm sonore, le célèbre SM8, directement dérivé de la version super 8 mm du Silma 250 S fabriqué en Italie. 

Le Silma 240 S (photo Lionel Proust) 

C ‘est du solide ! Essentiellement fabriqué en métal (environ 11 kilos). La fixité est bonne et assurée par une griffe à deux dents ainsi que le défilement par deux débiteurs dentés dont l’inférieur est de grand diamètre. 

La luminosité, elle aussi, est bonne avec une lampe quartz avec miroir et condenseur optique. Le centrage est réglable et une position sous-voltée est disponible pour la sonorisation (25%) : 12 V/100 W. 

Une turbine indépendante silencieuse assure un refroidissement efficace. 

Le zoom de base en monture Ø 25 : 15/25 mm ouvert à 1,3 pouvait être complété par une focale fixe : 20 mm ouverte à 1,3, plus lumineuse. Le réglage du point se fait par un bouton latéral. 


Le bloc porte-objectif basculé (photo Lionel Proust) 

Le bloc porte-objectif bascule afin d’avoir accès au couloir et à la fenêtre. Le presseur est du côté émulsion. Deux presseurs latéraux maintiennent le film. 

La capacité de bobine est de 250 mètres. 

Les vitesses sont de 18 ips et 24 ips. Le changement de vitesse est mécanique, par la variation du diamètre de la poulie-moteur. 

Une courroie crantée assure l’entraînement des bobines. 

Le chargement est simple et actionné par le levier au-dessus du débiteur supérieur. Cette solution sera reprise par Beaulieu sur le 708 EL, tout comme le réglage du cadre par variation de la hauteur de la fenêtre. 

Le système avec deux canaux est simple et efficace. Il préserve les têtes magnétiques. 

Deux potentiomètres : un pour le volume et l’autre pour la tonalité. Une sortie est prévue pour le haut-parleur en 5 , puissance de 4 W et une autre pour brancher une lampe de salle synchrone. 

Les caractéristiques, en enregistrement-reproduction étaient données pour : 75 à 8000 Hz à 24 ips. 

Deux entrées : une pour « le phono » et l’autre pour « le micro », enregistrement avec surimpression possible. 

Origine du projecteur : 1964 

Prix (en 1965) : environ 1200 francs 

Accessoires proposés : mélangeur pour le son et valise avec haut-parleur habillée façon cuir, de couleur beige, avec garniture intérieure en velours vert. 

Le Silma 240 S capot arrière enlevé (photo Lionel Proust) 

J’ai acquis ce projecteur d’occasion, aux Puces de Montreuil, avec sa valise. J’ai juste remplacé la courroie moteur et l’objectif d’origine par un Berthiot : 17/28 mm ouvert à 1,3. 

J’apprécie le silence du fonctionnement de cet appareil avec une bonne luminosité. Il ne chauffe pas, la reproduction du son est bonne (je n’ai cependant pas effectué d’enregistrement) surtout à 24 ips. 

A ce jour, les copies de films en 8mm standard sonore sont rares mais on trouve de nombreuses copies en muet et ce projecteur est bien agréable à utiliser car il accepte sans problème les longs métrages.


 (Article publié dans Cinéscopie n°13 - Mars 2009)







dimanche 7 décembre 2014

JIRI TRNKA



JIŘĺ TRNKA, dans ma collection…
Par Michel Gasqui




« J’ai toujours été attiré par ce qui n’a pas été résolu. Lorsque les choses sont résolues, elles perdent leur intérêt pour moi ». (Jiří Trnka)


Jiří Trnka, le roi de l’enfance et de la poésie1, est né il y a cent ans, le 24 février 1912. Trnka, quel drôle de nom, avec ses quatre consonnes qui se succèdent comme ça, sans voyelle. Sa prononciation est presque aussi mystérieuse que celle du nom de sa ville natale : Plzeň (on lit souvent Pilsen, pour simplifier !)


La Princesse (Bayaya, 1950)


      Parmi les films qui ont marqué mon enfance, il y a deux longs métrages de Jiří Trnka vus sur le poste de télévision : « Le Prince Bayaya », il me semble, et « Les Vieilles légendes tchèques », peut-être. Le souvenir est lointain et je ne suis pas certain des titres. Ce qui m’a profondément marqué, c’est la magie, il n’y a pas d’autre mot, qui se dégageait de ces œuvres et la grâce qui touchait les personnages de bois tellement expressifs2. Depuis cette époque, je me mis à aimer les marionnettes et à me passionner pour les films d’animation.

      Pendant de nombreuses années, j’ai espéré retrouver ce délicieux souvenir enfantin. Je suis allé plusieurs fois à Prague – la première fois en 1971 – avec le sentiment de découvrir la patrie de Trnka et j’y ai rencontré des Tchécoslovaques qui connaissaient et aimaient l’artiste mais je ne dénichai aucun document le concernant mis à part deux séries de cartes postales : une sur « Dobrý voják Švejk » (Le Brave soldat Chveik) et une autre sur « Špaliček » (L’Année tchèque) ainsi que quelques livres pour enfant dont le merveilleux « Zahrada » (Le Jardin) qui fut adapté au cinéma en 1974/1977 par Břetislav Pojar. En France, on rencontre assez facilement des livres de contes illustrés par Trnka comme les contes d’Andersen ou ceux des frères Grimm par exemple. Ils sont édités chez Gründ. Je conseille aussi « Pierre et le loup » pour ses dessins frais et colorés dans une édition probablement difficile à trouver : La Farandole, en 1970. L’impression est, encore à ce moment-là, de grande qualité.

      Je cherchai longtemps, aussi, des ouvrages sur mon cinéaste et ne trouvai que quelques articles, des brochures et, finalement, le « Jiří Trnka » publié par Fantasmagorie production qui est l’ouvrage le plus important que je me suis procuré. Je sais que la collection « Anthologie du cinéma » lui a consacré un numéro signé Jean-Marc Boillat (Anthologie du cinéma, n° 79, sorti en supplément au n° 149-150 de l'Avant-Scène Cinéma qui est essentiellement consacré à la « Planète sauvage » de René Laloux et Roland Topor) mais je ne le connais pas.




      Du côté des films, quelques-uns figuraient sur les répertoires des films proposés aux ciné-clubs par l’Ufoleis. Ainsi, celui de 1972/1973 annonçait « L’Année tchèques », « Prince Bayaya », « Le Rossignol de l’empereur de Chine » et « Les vieilles légendes tchèques » dans les longs métrages pour enfants ou encore « L’Archange Gabriel » et « La Main », dans la liste des courts métrages. La télévision oublia défini-tivement, semble-t-il, les œuvres de Trnka. C’est dans le cadre d’un cycle « Marionnettes au cinéma » qui se déroula au printemps 2007 à la Cinémathèque française, que je pus revoir « Le Prince Bayaya » et découvrir « Les Aventures du brave soldat Chveik » qui fut projeté en 16 mm, « La Chaumière en pain d’épices » et « Le Moulin du diable ».
Les éditions des films de Trnka sont confidentielles ! Quelques œuvres sont sorties en cassettes VHS puis en DVD chez les américains mais je ne connais aucune autre édition. « Emperor's Nightingale » (Le Rossignol de l’Empereur de Chine) fut édité en VHS, en 1997 (je ne connais pas d’édition antérieure) puis en DVD (en 2000). « The Puppet Films of Jiri Trnka » fut également édité en cassette VHS et en DVD (en 2000).
Je ne connais pas non plus d’édition super 8 mm des films de Trnka par contre mes recherches de collectionneur me permirent, et c’était pour moi inespéré, de trouver, en 16 mm, « Le Rossignol de l’Empereur de Chine » chez Fred Karali3 – avec des couleurs virées malheureusement mais dans une copie en bon état – puis « L’Archange Gabriel » dans une copie magnifique et enfin une copie usée mais acceptable de ce que beaucoup considèrent comme le chef-d’œuvre de Trnka, « La Main ».

Quelques repères

      Jiří Trnka est donc né à Plzeň-Petrohrad en 1912 d’un père ferblantier et d’une mère couturière. On pourrait s’amuser à attribuer son gabarit de colosse au côté paternel et sa douceur et sa grande délicatesse au côté maternel car il s’agit bien d’un géant aux doigts de fée.
En 1923, il est remarqué par Joseph Skupa, professeur de dessin qui dirige aussi un théâtre de marionnettes, et devient son élève. En 1928 il entre à l’école des arts appliqués de Prague. Il se consacre essentiellement aux dessins de journaux et aux caricatures mais revient de temps en temps aux marionnettes chez Skupa.
En 1936, Trnka dirige son propre théâtre de bois et l’installe dans la salle Rokoko qu’il loue à Prague. L’expérience dure un an.
Avant et pendant la guerre, Trnka illustre des livres, peint et met en scène des pièces de théâtre. Il fabrique également des jouets pour la société Hamiro.



Les frères en tricot


      C’est en 1945 que Trnka rencontre une équipe d’animateurs avec lesquels il fonde le groupe « BRATŘI V TRIKU » (Les Frères en tricot qui signifie également trucage). On trouvera dans l’équipe : Ed. Hoffman (« La Création du monde »), Jiří Brdečka, V. Bedrich, Zdenek Miler (« La Petite taupe »)… et aussi Josef Lada et Josef Čapek qui sont très connus en Tchécoslovaquie.
C’est encore en 1945 que Trnka réalise son premier film d’animation « Grand-père a planté une betterave » en dessins animés et marionnettes et c’est en 1947 qu’il réalise son premier long métrage avec des marionnettes animées « L’Année tchèque ».
Jiří Trnka nous a quittés le 30 décembre 1969.
En 1979, Annecy présenta une exposition (préparée par la Galerie nationale de Prague) en son hommage, au Palais de l’Isle.

Ma Collection :

Les cartes postales :

L’Année tchèque (carte n°16 – série de 21 cartes au moins). 


Le Brave soldat Chveik (carte n°2 – série de 15 cartes au moins).


Les Livres pour enfants :


Contes d’Andersen – Gründ-Paris – 1977.


Les Contes du jardin enchanté – 1956.


Les Contes des mille et une nuits – 1958.



Pierre et le loup – La Farandole – 1970.



Zahrada – Albatros – 1962.



Documents :


Catalogue des dessins animés, Film Tchécoslovaque d’Etat, années 1960.


Les Films :

DVD :
The Puppet Films of Jiří Trnka  (Rembrandt Films)
Le DVD ne propose pas de sous-titres et les images sont de médiocre qualité.
Il réunit :
« Le Rossignol de l’Empereur de Chine » (cf ci-après)
Le commentaire en Anglais de Phyllis McGinley est dit par Boris Karloff.
« Le Roman de la contrebasse » (Román s basou)
Marionnettes - 1949 - 398 m
D’après le conte d’Anton Tchékhov
Alors qu’elle se baignait dans la rivière, une noble demoiselle se voit voler ses vêtements par des brigands. Elle se réfugie dans l’étui d’une contrebasse et est ainsi apportée dans le palais où doivent être célébrées ses fiançailles à l’insu du musicien timide qui l’expose involontairement aux regards des convives.
(Jean-Pierre Berthomé - Jiří Trnka – Fantasmagorie – 1981)
« Le Chant de la prairie » (Árie Prérie)
Marionnettes – 1949 – 616 m
Parodie (jusque dans la musique) de « La Chevauchée fantastique » dans laquelle se retrouvent tous les poncifs du western : le héros meneur de lasso, le joueur de cartes, le robuste conducteur de diligence et l’innocente vierge enlevée par un bandit vêtu de noir.
(J-P Berthomé)
« Le Joyeux cirque » (Veselý cirkus)
Papiers découpés – 1951 – 384 m
Sur la piste du cirque se succèdent les attractions : phoques, jongleurs, écuyère, homme-orchestre, acrobates, ours danseurs.
(J-P Berthomé)
« Un verre de trop » (0 skleničku víc)
Marionnettes – 1954
Ce chef-d’œuvre réalisé pour prévenir des méfaits de l’alcool sur la route, est de Břetislav Pojar ; Trnka y a collaboré.
« La Main » (cf ci-après)
Et le documentaire : Jiří Trnka : puppets animation master réalisé à l’occasion de la sortie du DVD (édité par Michael J. Sudyn) et dont l’intérêt est d’y voir Trnka dans ses décors, manipulant ses marionnettes. On y découvre aussi quelques-unes de ses peintures et on le voit dessiner.



Copies 16 mm :

« Le Rossignol de l’Empereur de Chine »
(Císařův slavík)
Prises de vues réelles et Marionnettes – 1948 – 2069 m – Agfacolor.
Réalisation et maquette : Jiří Trnka
Scénario : Jiří Trnka et Jiří Brdečka d’après le conte de Hans-Christian Andersen.
Animation : Břetislav Pojar
Réalisation des séquences réelles : Miloš Makovec
Musique : Václav Trojan
Commentaire français écrit et dit par Jean Cocteau
Le jeune Empereur de Chine, ingrat, préfère le clinquant oiseau mécanique en or au plus beau rossignol de son empire. Ce sont les rites, le goût du luxe et la vie réglée et monotone de la cour qui l’amenèrent inévitablement à faire ce choix car le joli rossignol symbolise la liberté mais aussi, pour lui, l’aventure, effrayante, et l’inconnu.
Il sera rongé par l’ennui et les regrets et c’est tout de même le merveilleux chant du rossignol qui l’arrachera à la mort.
La première partie qui met en scène, en prises de vues réelles, un jeune garçon solitaire, parmi des objets que nous retrouverons ensuite, introduit habilement l’histoire.
A l’instar d’un petit opéra, « Le Rossignol de l’empereur de Chine » réunit les talents de plusieurs artistes.
Il y a le travail du musicien, Břetislav Trojan, qui est de première importance dans ce film. A noter le chant du rossignol, envoûtant, qui contraste avec celui de l’oiseau mécanique, joli mais dont le thème enfantin finit par devenir insupportable à force de se répéter.
Il y a bien sûr le créateur des images magnifiques. Les premières, où l’on voit le rossignol chanter sous le regard charmé d’un pêcheur, sont un peu dans l’esprit des films d’animations chinois réalisés au lavis par Te Wei.
Et puis il y a le commentaire de Jean Cocteau qui convient parfaitement au film de Trnka.
Ce très beau film d’animation reçut plusieurs prix :
- Le Prix National au Festival International du Film de Mariánské lázné en 1949.
- Le Prix Méliès à Paris en 1950.
- La Bobine d’Or du Conseil National Américain du Film à New-York en 1955.
- Le Prix du meilleur film de concours au Festival International du Film de Locarno en 1955.

« L’Archange Gabriel et madame l’Oye »
(Archanděl Gabriel a paní Husa)
Marionnettes - 1964 - 803 m
Scénario et réalisation : Jiří Trnka d’après un conte de Giovanni Boccacio.
Musique : Václav Trojan
En introduction, le générique se présente sous la forme d’un petit dessin animé autonome qui n’est pas sans rappeler le film  de Pasolini tiré du Decameron de Boccace.
L’histoire se passe à Venise, sous la renaissance. Madame L’Oye est dévorée par une véritable passion pour l’Archange Gabriel. Le moine qui reçoit sa confession - un homme étrange d’une laideur repoussante - s’éprend de la belle pécheresse. Il se déguise en Archange Gabriel et s’introduit chez elle pour la séduire. Les trois frères de la belle démasqueront l’imposteur pour qui tout finira mal.
Les décors, les lumières et les costumes sont splendides. On songe au « Casanova » de Fellini.
Les grands animateurs, parmi lesquels on peut classer Trnka, se reconnaissent à l’inventivité dont ils font preuve dans l’animation de leurs personnages. En effet, ils ne cherchent pas à reproduire la réalité mais ils donnent vie à des personnages ou des objets inanimés.
La façon dont Dame l’Oye tortille son derrière lorsqu’elle se déplace fait partie des plus belles animations que je connaisse. A la fois amusante et érotique, elle confère au personnage une personnalité singulière très forte. On pense au déplacement de la super girl martienne, interprétée par Lisa Marie, dans « Mars attaque » de Tim Burton.
« L’Archange Gabriel », œuvre assurément érotique, est la preuve, s’il en faut, que les films d’animation ne sont pas réservés aux enfants.

Dame l’Oye est le personnage le plus érotique de Trnka. Elle possède des seins capables de se gonfler quand elle soupire.


« La Main » ((Ruka)
Marionnettes - 1965 - 511 m
Scénario et réalisation et maquettes : Jiří Trnka
Musique : Václav Trojan
Arlequin le potier soigne amoureusement une fleur dans sa maisonnette. Une main gantée de blanc s’y introduit pour lui ordonner de sculpter son image. Il refuse, puis se résigne et, enfermé dans une cage d’or, entreprend le portrait demandé. Il se révolte pourtant contre la Main qui le tyrannise et s’enfuit vers sa cabane où, blessé par le pot de sa fleur que lui a jeté la Main, il meurt. La Main lui fait des funérailles officielles.
(J-P Berthomé)
Ce film est le dernier réalisé par Trnka. Il est remarquable par sa sobriété : deux personnages (trois avec la fleur), deux lieux (la cabane et l’extérieur – abstrait – de la cabane), une idée : la liberté de créer contrariée par un despote symbolisé par une main gantée de blanc. Esthétiquement parfait, c’est son côté allégorique qui prime sur la poésie.
La bande son est très travaillée avec ses bruits (parfois en hors champ), et la musique inquiétante de Trojan.
Il a été classé second, derrière « Le Sous-marin jaune » de George Dunnig et ex aequo avec « Ersatz » du Yougoslave Dusan Vukotic au classement des meilleurs films d’animation du monde effectué en 1971 à Bucarest4.





Bibliographie :
- « Jiří Trnka » : revue Fantasmagorie n°5 – 1981.
- « Jiří Trnka » : dossier paru dans « La Revue du Cinéma », n°229 – juin/juillet 1969 par Josette Debacker.
- « Jiří Trnka » : fascicule établi en 1966 par Mme J. Debacker pour le Ministère de l’Education Nationale et de la Culture (Service cinématographique).
- « Hommage au cinéaste d’animation tchèque Jiří Trnka » : catalogue de l’exposition du Palais de l’Isle d’Annecy en 1979.

      Je terminerai cet article en faisant trois souhaits, celui de voir éditer une édition complète, en coffret DVD, de l’œuvre magnifique de Jiří Trnka, celui de pouvoir visiter à Paris une grande exposition rétrospective du maître et enfin celui de voir « Le Prince Bayaya », ou « Le Brave soldat Chveik » de nouveau projeté aux « enfants du cinéma ». n

[1] Jean Cocteau a dit de lui : "Trnka - c'est le royaume de l'enfance et de la poésie." Cette citation est peut-être tirée de son texte « L’Âme de Trnka » (Les Lettres françaises - n°773 du 14 mai 1959). Par Ailleurs, Cocteau est l’auteur du commentaire français du « Rossignol de l’Empereur de Chine » (1948). C’est lui également qui dit le commentaire. Le texte a été intégralement publié dans la revue « L’Avant-Scène Cinéma n°3 (15 avril 1961).
2 Les marionnettes de Trnka sont constituées d’une armature métallique articulée par des rotules que l’on peut serrer plus ou moins. Pour les corps, suivant les personnages, l’armature était recouverte de bois, de mousse ou de latex (pour les corps dénudés).
[1] La Bande des Cinés : 12 rue des Roses, 75018 Paris - Tél: 01 53 26 96 24 - http://www.bd-cine.com/
4 La consultation fut organisée par les archives du film de Bucarest qui demanda à vingt et un réalisateurs et à seize critiques ou historiens quels étaient les meilleurs films d’animation, sans limite de date. (Ecran 73 n°11 – spécial animation)



(Article publié dans Cinéscopie n°28 - décembre 2012)








vendredi 5 décembre 2014

FILMOSCOPIE - The Grand Budapest Hotel - Wes Anderson





The Grand Budapest Hotel ****
est le dernier film de Wes Anderson.

Pour résumer ce que j’en pense, exercice parfaitement impossible, je dirais qu’il s’agit des aventures de Tintin au pays de Guy Maddin ! Nous avons à faire à des personnages étranges mais simples dans leur comportement, sans aucune psychologie. Et puis il y a les gentils et les franchement méchants.
Mais quand on y regarde de plus près, le film d’Andersen est une sorte de mélo loufoque avec des marionnettes qui vivent ou ont vécu des situations dramatiques.
Après avoir vu « The Grand Budapest Hotel », on sort de la salle émerveillé tant le spectacle auquel on a assisté est riche en émotions, intelligent et  magnifique par son esthétique. Ce qui fascine en premier dans les films de Wes Anderson, et dans celui-ci tout particulièrement, c’est la composition des images qui apparente le réalisateur à un collectionneur méticuleux, ordonné, maniaque à l’extrême !
Wes Anderson est le roi de la symétrie et de l’ordonnancement des personnages et des choses à l’intérieur de l’image. On a envie de dire : « Chaque chose a sa place et pas une autre ! ».
Dans la médiocrité de la production cinématographique ambiante, Wes Anderson pourrait presque nous faire croire que le cinéma n’est pas mort !
Merci cher « Maître » !






Film vu au Clovis de Soissons.

M.G.

LES PLUS BELLES MUSIQUES DE FILMS


LE MEPRIS
JEAN-LUC GODARD
1963
Musique de Georges Delerue




LES FILMS DE MA COLLECTION - Animation - Carrousel Boréal

Films d’animation

Carrousel Boréal de Ladislas Staréwitch
Par Michel Gasqui


J‘ai acheté ce merveilleux petit film de Ladislas Staréwitch à Jean-Yves Fontaine. Autant dire que je me suis précipité pour l’avoir lorsque je l’ai vu passé sur EBay. Fait du hasard, j’avais assisté, peu de temps auparavant à un ciné-concert dans lequel ce même film était programmé. Peu convaincu par le travail des musiciens accompagnateurs[1], j’avais par contre été complètement séduit par la fraîcheur qui se dégageait de « Carrousel Boréal » et ses couleurs magnifiques. J’ai retrouvé le même plaisir en regardant ma copie 16mm aux couleurs impeccables.







CARROUSEL BORÉAL (Winter Carousel)

Film en couleur, 350 mètres (12 minutes), 1958
Le film a été produit par Alexandre Kamenka (les films ALKAM) qui signe la direction artistique.
Scénario, animation et marionnettes : Irène et Ladislas Staréwitch
Musique : Daniel White
Ingénieur du son : René Louge
Enregistrement : Studio Marignan
Laboratoire Eclair
Il s’agit du dernier film achevé de Ladsilas Staréwitch.
Scénario
C’est l’hiver dans un paysage de campagne enneigé avec un lac gelé à souhait pour s’adonner au patin à glace. Deux personnages, un ours brun et un lapin, espiègles, ne demandent qu’à s’amuser. Survient une jeune ourse sur son traineau tiré par trois lapins qui accepte bien volontiers de partager leurs jeux. La belle, chaussée de ses patins, perd intentionnellement son mouchoir. Un des compères le ramasse, fait mine de lui rendre mais le subtilise au dernier moment. Il s’ensuit une série de jeux, courses poursuites et autres glissades sur la glace. Bientôt, alors que l’on perçoit le début de la fonte des neiges, arrive le moment de la séparation. L’ourse blanche doit s’en retourner. Nos deux compères se retrouvent seuls et tristes mais l’hiver va laisser le place au printemps. Alors, le bonhomme de neige, curieux personnage, se transforme en un bonhomme de printemps, musicien, aux yeux en fleurs et qui ressemble vaguement à une cigale.

 Le Style Staréwitch
Le film possède un charme particulier propre aux œuvres de Staréwitch. Fraîcheur du sujet, espièglerie des personnages, réalisme dans les attitudes et les émotions, précision des mouvements constituent, entre autres caractéristiques, le style du cinéaste. A l’instar des réalisateurs de films d’animation les plus réputés, Staréwitch crée du mouvement, donne de la vie à des objets inanimés qui, grâce à lui, bougent, marchent, glissent, accomplissent des gestes originaux et merveilleux ; toutes choses qui caractérisent sa technique d’animation qu’il nomme « Plastique animée ». Dans le « Carrousel Boréal », les personnages sont des animaux en peluche mais l’animation de Staréwitch leur donne une dimension naturaliste. Les yeux, la finesse des doigts, la petite langue gourmande de l’ours brun ou de ses compagnons léchant la glace, par exemple, sont des éléments qui participent à donner de la vie aux marionnettes.

 Des techniques « délicieusement » artisanales
Les trucages tiennent de la « méthode Méliès » : fééries et tours de magie délicieux. Stanislas Staréwitych utilise l’effet kaléidoscope, les chromotropes[2] en fond pour le carrousel, le décor défilant derrière les personnages pour simuler un traveling latéral accompagnant les personnages, les fils transparents (cheveux d’Irène ?[3]) pour maintenir les personnages en apesanteur, les miroirs pour représenter le lac dégelé, des fils tremblotants sortant de la gueule du lapin pour signifier ses sifflements, les fondus enchaînés pour marquer le passage de l’hiver au printemps. La musique, un peu désuète, accompagne gentiment les images . La palette des couleurs est particulièrement riche. Dans la première partie, des tâches de couleurs vives (bleu, vert, rouge) appartenant aux vêtements des personnages virevoltent sur des décors enneigés colorés de couleurs tendres alliées au blanc (bleu, vert, rose). Ensuite, l’apparition du printemps laisse les couleurs s’emparer gaiement et sans mesure des décors et des accessoires.








Le carrousel tient une place centrale dans la construction de l’histoire et dans le temps réel du déroulement du film puisqu’il se situe au milieu. Il s’agit d’un sapin brillant de mille feux qui tourne en emportant nos amis dans une ronde endiablée. Le printemps engendre de nouveaux jeux, de nouvelles activités entreprises avec toujours autant de légèreté ! Les jouets en peluche qui incarnent les personnages principaux se voient, à plusieurs moments rejoints par des animaux plus familiers de Staréwitch tels deux mulots qui jouent aux dés, des oiseaux dans le nid, une cigale et une fourmi construisant une cabane de bois. Le film s’achève sur un rêve, un songe… L’ours brun voit la belle ourse dans son traineau navigant dans le ciel aux côtés de la Grande Ourse… Rêveur, il effeuille une marguerite… Le nœud rouge offert par la jeune amie s’envole et se transforme en papillon puis devient le mot FIN.
L’amour était au rendez-vous…


Avec Carrousel Boréal, Stanislas Staréwitch a réalisé un film pour enfants, dans l’esprit des films réalisés à la demande de Sonika Bo[4], après guerre, mais la délicate poésie et le charme exceptionnel de son animation étendent son intérêt sur un public bien plus large.


A lire :
– Ladislas Staréwitch, 1882-1965
Par Léona Béatrice et François Martin
Editions L’Harmattan, 2003.

A voir, en ciné-concert :
(il ne s’agit pas de celui cité plus haut)
L’Univers animé de L. StaréwitchCréation 2008/2009 de l’Euphonium Quartet, ce ciné-concert composé de quatre courts de Ladislsas Staréwitch (Le Rat des villes et le Rat des champs, le Lion devenu vieux, Fétiche Mascotte et un inédit, La Reine des Papillons) vise à explorer le monde du réalisateur et de son voyage jusqu’en France par des jeux de musiques traditionnelles, atmosphères et autres astuces ludiques.
Contact : Marie-Catherine Henry, Euphoniumbigband
Tél : 02.35.08.20.29
(M. G.  article paru dans Cinéscopie n°21, mars 2011)

[1] Ceux-ci avaient enlevé le son des films projetés pour le remplacer par leur propre bande son.
[2] Chromotrope : variation de la plaque de lanterne magique en rosace. Les images sur les plaques, fixes et mobiles, représentent des spirales ou des motifs en zigzag qui, lorsque tournés l’un contre l’autre, produisent des motifs de moirage ou d’interférence. A la projection, les effets sont fascinants.
[3]« Irène a de longs cheveux blonds. Voilà bien son malheur. Car le père d’Irène, Ladislas Staréwitch, les lui arrache un à un pour servir de ficelles invisibles aux poupées animées de leurs films ! » (Cinévogue, 21 avril 1948 – extrait cité par Léona Béatrice et François Martin dans « Ladislas Staréwitch 1882-1965 »).
[4]Sonika Bo a fondé un Club Cinématographique d’enfants, « Cendrillon », en 1933 dont le but est de s’adresser aux enfants de 6 à 12 ans. Dans cette perspective, elle créa une cinémathèque et elle suscita la création de nouveaux films destinés à son public. (dans « Ladislas Staréwitch 1882-1965 »).


(Article publié dans Cinéscopie n°21 - mars 2011)