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La revue Cinéscopie, est une revue trimestrielle qui s’adresse aux amateurs de cinéma : cinéphiles et cinéphages, collectionneurs, cinéastes amateurs et autres curieux.

44 numéros ont été publiés de 2006 à 2016.

Ce blog vous propose de découvrir les anciens articles de la revue et quelques nouveaux textes publiés au gré de mes envies.


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mardi 14 novembre 2017

Les films de ma collection






KRYSAR (16 mm, couleur)




« Krysar » est un film tchécoslovaque de Jiří Barta réalisé en 1985.

Jiří Barta est né à Prague en 1948. Il a réalisé une quinzaine de courts métrages et deux longs : « Krysar » en 1985 et « Drôle de grenier » en 2009. Lui et Jan Svankmajer furent les chefs de fil du renouveau du cinéma d’animation tchécoslovaque dans les années 80.

L’histoire de Krysar est celle du « Joueur de flûte de Hamelin », légende allemande du XIIème siècle qui a connu de multiples interprétations. Elle fut transcrite, notamment, par les frères Grimm.
Le conte nous parle d’une ville envahie par les rats et dont les habitant meurent de faim. Le joueur de flûte chasse les animaux parasites mais, suite à l’ingratitude des habitants d’Hamelin, emmène leurs enfants et les enferme dans une grotte (parfois à la rivière ou à la montagne). Dans Krysar, la ville est habitée par des bourgeois méchants avares et répugnants et la vengeance du joueur de flûte s’exercera différemment.

Le film est esthétiquement magnifique. Jiří Barta adopte une vision expressionniste, cubiste et moyenâgeuse saisissante. Marionnettes et décors sont en bois. La perspective des décors est empruntée à celle du moyen-âge en utilisant des tailles différentes pour signifier l’éloignement. Les lignes des maisons sont essentiellement obliques et les surfaces triangulaires priment. Les couleurs sont majoritairement sombres et dans les bruns, dominante rompue par le chatoiement des métaux précieux. Le marionnettes en bois sont massives et leurs déplacements peu gracieux correspondent à leurs caractères. Les mouvements du joueur de flûte, eux, semblent guidés par les ondulations de sa grande cape. Deux personnages sortent du lot : la jeune fille et le pêcheur qui représentent respectivement la pureté de l’âme et le simple d’esprit dans le sens évangélique. Enfin, l’idée géniale du cinéaste est d’avoir utilisé de vrais rats (morts et vivants) éléments de chair et de fourrure portant au paroxysme le contraste entre le monde des marionnettes de bois et celui des vivants.

Il faut noter l’intérêt particulier de la bande son, prolongement sonore de la stylisation plastique, sans commentaire, qui associe une musique très expressive et des dialogues ponctués d’onomatopées inspirés par des textes dadaïstes allemands. L’ensemble a été conçu par le compositeur Mickael Kocab.

Comme toujours dans le cinéma d’animation tchécoslovaque, l’animation est une création artistique en elle-même. Les mouvements ne cherchent pas à imiter servilement ceux de la réalité mais permettent de créer un monde imaginaire.