KRYSAR (16 mm, couleur)
« Krysar » est un film
tchécoslovaque de Jiří Barta réalisé en 1985.
Jiří Barta est né à Prague en
1948. Il a réalisé une quinzaine de courts métrages et deux longs :
« Krysar » en 1985 et « Drôle de grenier » en 2009. Lui et
Jan Svankmajer furent les chefs de fil du renouveau du cinéma d’animation
tchécoslovaque dans les années 80.
L’histoire de Krysar est celle du « Joueur de
flûte de Hamelin », légende allemande du XIIème siècle qui a connu de
multiples interprétations. Elle fut transcrite, notamment, par les frères
Grimm.
Le conte nous parle d’une ville
envahie par les rats et dont les habitant meurent de faim. Le joueur de flûte
chasse les animaux parasites mais, suite à l’ingratitude des habitants
d’Hamelin, emmène leurs enfants et les enferme dans une grotte (parfois à la
rivière ou à la montagne). Dans Krysar, la ville est habitée par des bourgeois
méchants avares et répugnants et la vengeance du joueur de flûte s’exercera
différemment.
Le film est esthétiquement
magnifique. Jiří Barta adopte une vision expressionniste, cubiste et
moyenâgeuse saisissante. Marionnettes et décors sont en bois. La perspective
des décors est empruntée à celle du moyen-âge en utilisant des tailles
différentes pour signifier l’éloignement. Les lignes des maisons sont
essentiellement obliques et les surfaces triangulaires priment. Les couleurs
sont majoritairement sombres et dans les bruns, dominante rompue par le
chatoiement des métaux précieux. Le marionnettes en bois sont massives et leurs
déplacements peu gracieux correspondent à leurs caractères. Les mouvements du
joueur de flûte, eux, semblent guidés par les ondulations de sa grande cape.
Deux personnages sortent du lot : la jeune fille et le pêcheur qui
représentent respectivement la pureté de l’âme et le simple d’esprit dans le
sens évangélique. Enfin, l’idée géniale du cinéaste est d’avoir utilisé de
vrais rats (morts et vivants) éléments de chair et de fourrure portant au
paroxysme le contraste entre le monde des marionnettes de bois et celui des
vivants.
Il faut noter l’intérêt
particulier de la bande son, prolongement sonore de la stylisation plastique,
sans commentaire, qui associe une musique très expressive et des dialogues
ponctués d’onomatopées inspirés par des textes dadaïstes allemands. L’ensemble
a été conçu par le compositeur Mickael Kocab.
Comme toujours dans le cinéma
d’animation tchécoslovaque, l’animation est une création artistique en
elle-même. Les mouvements ne cherchent pas à imiter servilement ceux de la
réalité mais permettent de créer un monde imaginaire.